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En passant par chez moi, en Périgord ou ailleurs
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18 juillet 2014

Triste page

C'est émouvant et intelligent, brillant et terriblement triste.

C'est Georges Didi-Huberman dans "Ecorces", récit de sa déambulation à Birkenau en 2011.

Citation : 

        "On ne peut donc jamais dire : il n’y a rien à voir, il n’y a plus rien à voir. Pour savoir douter de ce qu’on voit, il faut savoir voir encore, malgré tout. Malgré la destruction, l’effacement de toute chose. Il faut savoir regarder comme regarde un archéologue. Et c’est à travers un tel regard-une telle interrogation-sur ce que nous voyons que les choses commencent de nous regarder depuis leurs espaces enfouis et leurs temps enfuis. Marcher aujourd’hui dans Birkenau, c’est déambuler dans un paysage paisible qui a été discrètement orienté-balisé- d’inscriptions, d’explications, documenté en somme-par les historiens de ce « lieu de mémoire ». Comme l’histoire terrifiante dont ce lieu fut le théâtre est une histoire passée, on voudrait croire à ce qu’on voit d’abord, à savoir que la mort s’en est allée, que les morts ne sont plus là.

Mais c’est tout le contraire que l’on découvre peu à peu. La destruction des êtres ne signifie pas qu’ils sont partis ailleurs. Ils sont là, ils sont bien là : là dans les fleurs des champs des fleurs, là dans la sève des bouleaux, là dans ce petit lac où reposent les cendres de milliers de morts. Lac, eau dormante qui exige de notre regard un qui-vive de chaque instant. Les roses déposées par les pèlerins à la surface de l’eau flottent encore et commencent de pourrir. Les grenouilles sautent de partout lorsque je m’approche du bord de l’eau. En dessous sont les cendres. Il faut comprendre ici que l’on marche dans le plus grand cimetière du monde, un cimetière dont les « monuments » ne sont que les restes des appareils précisément conçus pour l’assassinat de chacun séparément et de tous ensemble." 

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