Lachambeaudie
Evoqué lors de la visite à thème à Sarlat, le fabuliste Lachambeaudie...
La Locomotive et le Cheval
Un cheval vit, un jour, sur un chemin de fer
Une machine énorme, à la gueule enflammée.
Aux mobiles ressorts, aux longs flots de fumée.
« En vain, s'écria-t-il, ô fille de l'enfer.
En vain tu voudrais nuire à notre renommée.
Une palme immortelle est promise à nos fronts.
Et toi, sous le hangar, honteuse et délaissée,
Tu pleureras ta gloire en naissant éclipsée.
De vitesse avec moi veux-tu lutter? — Luttons !
Dit la machine; enfin ta vanité me lasse. »
Elle roule, elle roule, et dévore l'espace;
Il galope, il galope, et d'un sabot léger
Il soulève le sable et vole dans la plaine.
Mais il se berce, hélas ! D'un espoir mensonger.
Inondé de sueur, épuisé, hors d'haleine,
Bientôt l'imprudent tombe et termine ses jours ;
Et que fait sa rivale? Elle roule toujours.
La routine au progrès veut disputer l'empire ;
Le progrès toujours marche, et la routine expire.
Deux illustrations de la fable par Auguste VIMAR (1851-1916)
(Ne sont-ils pas beaux, ces canassons, Coco?)